DE LA RENAISSANCE AU CLASSIQUE

A travers les instruments champêtres

 

La vogue des musiques « champêtres » a été à son apogée sous le règne de Louis XV. Les instruments populaires – musette, vielle, flûtet-tambourin principalement – ont été adoptés par les salons mais avec de considérables modifications : facture légère, sonorités adoucies, ornementation parfois proliférante.

 Les actuels galoubet - tambourin et vielle à roue bien que retournés au peuple, en ont conservé des traits bien particuliers dans leur ornementation et dans leur répertoire.

Pour fournir de la musique à ces instruments prétendument rustiques, on fait alors appel à des compositeurs savants qui tout en se consacrant aux instruments champêtres n’ont pas pour autant oublié leur métier. Ils écrivent essentiellement des suites en duo ou des sonates pour un dessus (généralement laissé au choix des interprètes, les instruments champêtres ayant une tessiture très semblable) avec accompagnement de basse continue : une basse bien individualisée tandis qu’un instrument  à clavier, orgue ou clavecin, assure les parties intermédiaires avec des accords indiqués par un chiffrage. Tel est le cas de Joseph Bodin de Boismortier, compositeur des plus prolifiques, qui connut un immense succès.

Cet amour des instruments rustiques n’était cependant pas nouveau. On en trouve des traces très nettes à la renaissance, période dans laquelle la flûte avec tambourin est l’instrument roi pour la danse. La vielle à roue est également pratiquée. Les danses, les Branles en particulier, sont d’inspiration nettement populaire et paysanne. Les compositeurs du XVIe siècle, et du début du XVIIe siècle tel l’Allemand Michael Praetorius, ont repris ces danses populaires et les ont harmonisées à 4 ou 5 voix pour en faire des danses de cour.

La Révolution puis le Romantisme ont mis un terme à cette musique champêtre aristocratique et ont renvoyé les instruments populaires au folklore. Mais dès le règne de Louis XVI le baroque avait commencé à faire place au classicisme : les formes de la sonate et de la symphonie classique se dessinent, l’Opéra est complètement réformé par Gluck, l’Opéra-comique triomphe. Cependant les instruments dits rustiques conservent quelque faveur auprès du public et des compositeurs et notamment le galoubet-tambourin provençal qui reste un instrument de danse très apprécié.

Le TRIO Champêtre (composé de Maurice Guis, flûtet-tambourin et vielle, Corinne Bétirac, clavecin et orgue, Annick Lassalle, basse et dessus de viole) propose un parcours musical de la Renaissance à la Révolution en prenant les instruments rustiques pour fil conducteur, avec des compositeurs aussi différents que Praetorius et Gastoldi, pour la Renaissance, Joseph Bodin de Boismortier, Rameau, J. Schenk   , pour l’âge du baroque et jusqu’à Haydn et Mozart pour la période classique.